Je Game Moi Non Plus #27 – La Croix Et La Manette : Religion Et Jeu Vidéo

Ban27

Après quelques cross-overs, escapades et hors séries, nous voici de retour au cœur de nos activités habituelles 😉

Avant toute chose, souhaitons définitivement la bienvenue à Antonin qui, déjà intervenu en tant qu’invité dans notre podcast n°16, intègre désormais l’équipe !

Ceci étant dit, place au sujet du mois. Nous partons en terres saintes, ce mois-ci, car c’est de religion au sein du jeu vidéo dont il sera ici question. La question fil rouge : pourquoi intégrer le religieux au jeu vidéo ? Nous y répondrons tout du long, avant d’y revenir en fin d’’émission.

D’abord, il sera question de l’intégration passive du religieux, notamment dans la direction artistique ou le scénario. Ensuite, cap sur la part active du jeu vidéo, ou lorsqu’on nous fait vivre une expérience religieuse et ses principes de l’intérieur. Enfin, nous réfléchirons aux valeurs et modes de pensée issus de religions ancrés dans les différentes sociétés, et donc implicitement présents dans le game design des jeux vidéo.

Sur ce, nous vous souhaitons une très bonne écoute, et à très bientôt ! Comme toujours, gardez la foi, propagez la bonne parole et n’hésitez pas à nous louer ou nous profaner dans les commentaires, si le cœur vous en dit 😉

Générique de l’émission : Lukhash – Beginning of Anxiety
Générique de fin : Beyond Good and Evil – Home Sweet Home
Jingles : Xenosaga Episode I – Ormus / Suikoden II – Chant / Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots – Love Theme / Final Fantasy X (Piano Collections) – Ending Theme

Image d’article © Kazuma Kaneko / Atlus

15 réflexions au sujet de « Je Game Moi Non Plus #27 – La Croix Et La Manette : Religion Et Jeu Vidéo »

  1. Ami poètes bôdelairiens, bonsoir!

    Passons sur les éloges habituelles, mais méritées, et avançons vers des détails plus réflexionnels… ou réflexionnant.
    Concernant la musique « religieuse » de JV, effectivement on entend massivement des morceaux inspirés par la musique savante du Moyen-Âge (occidental). Petit détail : le chant grégorien (grosse base de la musique sus-citée) est un chant monodique (une seule ligne mélodique)… donc il semble un peu abusé d’en parler pour qualifier les musique dites religieuses du JV. On est d’accord que c’est du détail vu que ça précède la musique polyphonique religieuse, qui inspire donc les musiques religieuses de JV (une rapide réflexion me dit qu’on a plus, pour ce style de connotation, de morceaux polyphonique que monodique dans le JV).

    Donc, pourquoi tant de chants vocaux dans des langues « bizarres » pour symboliser un culte religieux? Comme vous l’avez dit, c’est une pratique bien ancrée dans la culture donc on peut s’en resservir facilement en étant sûr que le sens soit compris. En fonction des arrangements, ça signifie aussi bien le recueillement que le grandiose et la puissance, notions souvent associées. N’oublions pas le symbole du chant « incompréhensible » (il fût un temps, le latin n’était connu que des personnes recevant une éducation… et il y en avait peu) sensé porter les paroles de l’entité vénérée, transmises par les personnes agrées.

    Dans FF VIII, on retrouve cette idée (chant en langue inconnue) avec les fanatiques (et pas seulement des « croyants ») d’Edea, dont le fanatisme est musicalement signifier par leur ostinato mélodique qui ajoute de la tension. On retrouve la même chose dans « The Dark Colossus Destroys All » (NieR)… et surement dans un paquet d’autres jeu mais je voulais juste trouver un moyen de le citer.

    Méthode stéréotypée certes, mais qui a l’avantage d’avoir une signification clair et efficace portant un grand nombre d’affects et qualificatifs (positifs ou pas) du culte religieux. A voir si on l’aura l’occasion d’entendre des choses plus audacieuse dans « Monastère Tycoon ».

    Tapis dans l’ombre, Ninjazicos.

    PS: et quand on parle à Devola (qui joue de la guitare en même temps) la ligne de chant disparaît pendant le dialogue (sous format de boîtes de textes)!

    • Les langues bizarres, je pense aussi que c’est un raccourci par rapport à une réalité historique : la messe chrétienne et surtout les chants ont été longtemps traditionnellement été en latin alors que 99% des gens qui assistaient à ces messes ne comprenaient pas le latin.
      Sinon, plus récemment et moins mystiquement, une certaine chanteuse connue, Lisa Gerrard, est célèbre pour ses chansons en langues imaginaires. J’imagine que le renouveau de sa popularité après sa collaboration avec Hans Zimmer dans Gladiator n’a pu qu’amplifier le phénomène. J’associe aussi ça à la réapparition de langues régionales mortes dans certains courants de metal ou de musiques plus ou moins considérées comme rattachées aux mouvements gothiques. Eluveitie me vient à l’esprit en premier.
      Pour finir sur une note pragmatique, une langue imaginaire, ça a le mérite d’être plus facile à écrire et plus flexible que du latin sur lequel on pourrait critiquer que c’est n’importe quoi dans ton texte. On peut lui donner une sonorité barbare ou violente (la langue des Goa’uld dans Stargate) ou une sonorité plus veloutée, qui servira alors plus facilement de base à un chant religieux, ou à un texte débordant de mysticisme mystérieux.

      Disclaimer : je n’ai pas fini d’écouter le podcast.

      • Les langues « bizarres » ont surtout pour but de souligner le caractère sacré (avec tout ce que ça implique) de langues que les fidèles ne maîtrisent pas, plutôt que le coté « malléable » de paroles inventés (qui est évidemment un avantage créatif non négligeable).
        Après, dans le JV, je ne pense pas qu’on reproche à un compositeur de créer du texte qui n’a pas de sens (même en reprenant du latin). D’ailleurs, Nobuo Uematsu parvient à donner du sens à une langue inventée (imitant pas mal le latin): « Fithos Lusec Wecos Vinosec » est un anagramme qui présente les deux principaux thèmes de l’aventure de FF VIII.

        Coté des langues imaginaires, Okabe et Emi Evans ont fait un incroyable travaille sur ce sujet, l’intérêt de celles-ci étant qu’elle ont une raison d’être « diégétique » dans NieR. La narration justifie (si on cherche, car c’est pas dit dans le jeu) leur existence.
        D’un autre coté, une langue imaginaire permet de localiser la diégèse hors de notre monde. C’est le cas de FF X et de son chant des priants, à forte connotation musicale chrétienne mais dans une langue originale et mystérieuse pour Tidus, les survivants de Spira et le joueur.

        • Fort intéressant, merci.
          Je serai néanmoins curieux de savoir quelle est l’origine de l’inspiration d’utiliser des langues imaginaires dans les jeux vidéo. Autant sur le but, je suis plutôt d’accord avec vous, mais l’origine et l’inspiration m’intriguent.
          Je pense à de nombreux cas dans des jeux, pas forcément religieux d’ailleurs. Tantôt c’est une mécanique de gameplay ou de scénario (la langue du peuple sous-marin dans The Longest Journey, la stèle dans le désert de Zelda a Link to the past), tantôt c’est porteur d’ambiance (tous les cas religieux que vous avez évoqué). C’est loin d’être récent comme élémebt dans les jeux vidéo.
          Ce qui semble assez récent, pour des raisons technologiques, est cette utilisation audio à laquelle nous faisons référence. J’ai juste trouvé cet article, un peu pauvre à mon goût : http://www.1up.com/features/it-speaks-fictional-languages-video-games

  2. « Salut les potes » (une pensée à Alex) !
    Félicitation pour cette chronique forte intéressante et moins polémique qu’une précédente intervention sur les représentations de la religion musulmane (un petit coucou à Mehdi et Antonin).

    J’ai quelques éléments qui permettent de poursuivre les analyses qui ont été faites :
    Il serait intéressant d’analyser les « religions » (culte communautaire) issues de la pratique du jeu. Je pense notamment à l’expérience « Twitch Plays Pokemon » et la naissance du culte du Hélix = vénération du fossile Nautile comme le nouveau messie après ses nombreuses utilisations qui bloquait l’avancée du jeu (il en va de même pour le culte du faux prophète Pyroli).

    Il serait aussi intéressant de creuser les représentations de la hiérarchie chrétienne dans les oeuvres japonaises. Dans « Dragon Quest : l’Odysée du roi maudit », les prêtres portent la couleur violette qui est l’emblème chromatique de l’évêque.

    Sur l’utilisation des textes religieux, les textes apocryphes sont privilégiés pour éviter les critiques des croyants et donner une plus grande liberté d’interprétation. Je pense à El Shaddaï (que vous avez énoncé) mais aussi la série « Silent Hill » qui traite des mêmes textes sur l’avènement de Métatron.

    Enfin, pour terminé, j’ai quelques précision à apporter (dont l’une est totalement inutile !)
    Pour les représentations de la pomme biblique = les textes originaux annoncent qu’il s’agit des fruits de la connaissance sans précision. Il est probable qu’il s’agisse de la grenade (que l’on retrouve sur les piliers du temple de Salomon).

    J’ai peut-être une partie d’explication sur les représentations « décontractées » du pape. Il n’est pas représentant d’une divinité ou prophète. Son statut de représentant d’une institution et de St Pierre est moins problématique pour l’utilisation de son image.

    Encore merci pour ce très bon moment et bonne continuation !

    PS : je ne peux qu’encourager de poursuivre l’expérience de « NieR »
    PS-2 : à quand une chronique sur les représentations politiques et la perception du politique ?

  3. Très intéressant, comme d’habitude.
    Pourtant, peut-être moins poussé que d’autres sujets traités précédemment, peut-être du à la difficulté d’en faire un vrai sujet. Attention, ceci n’est pas un reproche, parce que vous avez fait du bon boulot. Mais, après tout j’ai aussi une formation philosophique pas si datée que ça et quand on se penche sur un sujet de cette façon, il faut réussir à en faire émerger un problème. Finalement, pourquoi avez-vous choisi ce sujet ? Et pas un autre ? Qu’est-ce qui pose problème pour de vrai ? Sinon, vous en sera je pense réduit à donner des exemples du religieux dans le jeu vidéo. Ce qui déjà est intéressant et demande beaucoup de boulot, mais si je peux vous souffler quelque chose, du bas de mon ignorance (je serai bien incapable de faire ce que vous faites, je vous tire déjà mon chapeau), ce serait de donner des « problématiques » à vos sujets. Je crois que l’un d’entre vous a fait des études de philo, et j’imagine que ça peut lui parler. Vu que vous donnez une forme assez « universitaire » à vos sujets et que vous citez parfois (je ne connais pas vos connaissances en la matière) du Nietzsche etc., vous devriez être aussi sensibles à cette approche. Encore une fois, ce n’est pas un reproche (vous avez sûrement le plus intéressant podcast de ma playlist), mais un commentaire pour vous aider, ou pas, à rendre vos épisodes plus intéressants encore. Est-ce que vous voyez ce que je veux dire ou est-ce que vous vous dites « pour qui il se prend ce petit baka? » ? Au plaisir de vous écouter longtemps. Dans le sens de ce que j’ai dit, c’est Gaëtan qui se rapprochait le plus de type d’approches.

    Le 10e Preux (ah ah, je viens de remarquer à l’instant que mon propre pseudo était bien porteur de religiosité mais il n’y a pas de Jeanne d’Arc dans un jeu vidéo, si ?)

      • Waou, merci pour la référence, je ne connaissais pas. Encore une fois, pas de méprise sur mon commentaire. Je ne dis pas que ce n’était pas intéressant, je m’interroge un peu sur la méthode pour un sujet comme celui-ci. J’y ai appris des choses, je vois qu’il y a des commentaires sur le blog très instruits par rapport à la musique. Je n’ai pas, loin de là, cette culture du jeu vidéo. Ma question se porte plutôt sur le fait de soulever, débusquer, les problèmes posés par le sujet. Parce qu’à la fin de l’écoute du podcast, je me suis finalement dit : la religion dans le jeu vidé, en fait, il n’y en pas, c’est juste une représentation, quelques symboles, du decorum..

  4. Je tiens à dire que, même si il n’a pas grand rapport au sujet, le jeu Mount & Blade que vous citez est simplement un des meilleurs jeu-vidéo que je connaisse, tout style confondus. Il n’est pas très « fini » mais à un potentiel incroyable et est très plaisant à jouer sur le court, le moyen et surtout le long terme.

    Bien que sont action se situe dans un contexte très médiéval, dans le monde réel ou non (suivant les épisodes), la religion n’y apparaît pas du tout, ce qui est dommage. Stratégiquement, les questions de religion peuvent apporter des couches de gameplay importantes (CF : Civ 4). Je regrette que les turcs de Warlordgames n’aient pas eu le courage/l’intelligence de profiter de cet aspect.

  5. Je porterais pas de jugement sur les sujets choisis, la facon de les traiter, le ton… C’est vraiment pas facile comme exercice, je serais bien mal placé pour donner des conseilles donc faites les choses comme ca vous plait avant tout.

    Par contre y a urgence sur la qualité du son, faut vraiment faire quelque chose. Au dela des disparités de qualité de son entre les intervenants auxquelles il est difficile de remédier y a surtout de gros probleme de balance du son, faut vraiment trouver des outils softwares pour égaliser le volume.
    C’est pas possible d’avoir autant d’écart de volume sonore entre intervenants ou meme d’une séquence a l’autre.
    La règle qui dit que dans la liste des priorités d’un podcast la qualité du son est tout en haut, avant meme la qualité des propos, est une vérité malheureusement.
    Ca m’est souvent arrivé d’ecouter des podcasts sans grand intérêt juste pour occuper un trajet, par contre un podcast intéressant mais qui est une torture a ecouter a cause de la qualité du son en général je finis par zapper, et les problemes de balances du volume c’est le pire je trouve.
    Pour écouter votre podcast dans mes conditions d’ecoute en extérieur sur smartphone avec un seul écouteur faudrait que je passe mon temps le doigt sur le volume, ce n’est pas possible et c’est dommage.

    Voila j’espere avoir un peu plus (car j’imagine que vous en êtes deja conscient de cela) attiré votre attention sur cette aspect.
    Bonne continuation

    • Hello upsilandre,

      Merci beaucoup pour ton retour !

      Effectivement, on est conscient de ces problèmes de son (particulièrement présents sur la dernière émission il est vrai). On fait au mieux pour améliorer ça pour les prochaines.

      Je comprend tout à fait, étant moi même en train d’augmenter et diminuer le son sur certains podcast que j’écoute en transports en commun. C’est assez pénible et on fait le max pour que ça s’améliore.

      Merci d’avoir pris le temps de nous le signaler. 🙂

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